vendredi 5 octobre 2018

"ÇA" de Stephen King

"Viens voir les paysages, prends un ballon, viens nourrir les éléphants et descendre le toboggan !
Ben, oh, Ben, comme tu vas flotter !"



De Stephen King, je n'avais lu, jusqu'ici, que l'effroyable "Jessie", qui me laisse encore des frissons deux ans après, et la nouvelle "Le singe", qui m'avait laissé sur ma faim. Puis, comme tout le monde je pense, je n'ai pas échappé à l'engouement médiatique autour de la sortie au cinéma de "ÇA" en 2017. J'ai alors vu le film, qui m'a franchement déçu et pour lequel je n'ai pas vraiment éprouvé d'intérêt, hormis autour de l'univers. Mais, voulant persévérer dans ma découverte de Stephen King et intriguée par le fait que "ÇA" avait déclenché pas mal de coulrophobie à travers le monde, j'ai décidé de m'attaquer au livre. Cette lecture sanglante validait par la même occasion mon premier menu du Pumpkin Autumn Challenge dont l'article est à retrouver ici.

source : weheartit
Pour ceux qui auraient brillamment réussi à ne pas croiser le chemin de Grippe-Sou le clown, voici le résumé de ce premier tome :
"Enfants, dans leur petite ville de Derry, Ben, Eddie, Richie et la petite bande du « Club des ratés », comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur absolue : ça, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans…Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique et régulière frapper la petite cité."

Vous l'aurez compris avec ces quelques lignes, le récit prend pied à deux époques : lors de l'enfance, puis à l'âge adulte des sept personnages principaux que constitue le club des ratés. Sauf que malheureusement ce n'est pas si simple, car en réalité Stephen King va nous embarquer dans un melting pot chronologique au niveau de la narration. Le but ? Retracer l'historique sanglant de la ville de Derry, afin de démontrer que, tous les vingt-sept ans, des événements terribles se déroulent dans une inlassable répétition morbide. La démarche est intéressante car cela nous permet de vraiment nous imprégner de l'atmosphère de l'histoire et de développer un univers plutôt riche. Sauf que, pour moi, c'est aussi un gros point noir dans cette lecture. A force de faire des apartés, des retours en arrière, d'insérer des récits de souvenirs au milieu de passages eux-mêmes basés sur des souvenirs d'enfance, on a tendance à s'y perdre. 

Ce qui m'amène à un deuxième point négatif : la multiplication des personnages. L'auteur a déjà fait le choix d'avoir pas moins de sept personnages principaux, autour duquel il fait en plus graviter un grand nombre de personnages secondaires. Cet élément et les basculements temporels incessants m'ont clairement freiné dans ma lecture, car j'avais l'impression d'être face à un récit haché et il m'était difficile de percevoir où Stephen King voulait en venir. De plus, ce qui est étonnant c'est que j'ai vraiment constaté une distinction entre les parties qui se déroulaient en 1957 (enfance) et celles de 1985 (adultes). Cette dernière m'a beaucoup plus intéressée et j'accrochais vraiment au récit. Car, on ne peut pas lui retirer ça, l'auteur brosse une galerie de personnages passionnants. Il prend le temps de décortiquer leurs personnalités, leurs failles, leurs émotions, et l'histoire n'en n'est que plus prenante et enrichit. 


"Je me sens comme doit se sentir un oiseau migrateur quand vient l'automne..il sait obscurément qu'il doit retourner chez lui. C'est l'instinct vois-tu..et quelque chose me dit que l'instinct est comme le squelette de fer qui se cache sous toutes nos idées et notre libre-arbitre"

Ainsi, plus on apprend à connaître Derry et ses habitants, et plus on a l'impression de basculer dans un huit-clos qui nous plonge peu à peu dans cette ville étouffante et angoissante. "ÇA" vient puiser dans la peur de chacun et s'en imprègne afin de la matérialiser. C'est aussi ça que j'ai trouvé dommageable dans cette lecture, alors que le concept en lui-même est vraiment très intéressant. Finalement on se retrouve avec, non pas un clown tueur, mais encore une fois toute une galerie de monstres et personnages horrifiques qui apparaissent sous de multiples formes. Résultat, j'ai eu du mal à adhérer à ces métamorphoses, qui étaient bien souvent beaucoup trop furtives et qui, en se multipliant, perdaient en crédibilité. Le temps que la pression monte au fil des phrases, ÇA avait déjà disparu, et les longues descriptions reprenaient...



Vous l'aurez compris, contrairement à ce à quoi je m'attendais, ce livre ne m'a pas empêché de dormir ni fait faire de cauchemars horribles. J'ai plutôt eu l'impression d'une lecture en dents de scie, avec des moments haletants où tout s'accélère, et brusquement de longs passages plats, mêlés à des histoires dont on ne justifie pas trop la présence sur le moment. Pour moi, on pourrait facilement couper 300 pages, sans que cela n'entache fondamentalement le récit (pour ceux qui l'ont lu, s'il vous plaît dites moi que je ne suis pas la seule à avoir trouvé terriblement longues les dizaines de pages sur la construction du barrage !). Bizarrement, j'ai beaucoup aimé le début et la fin du roman, mais tout le milieu m'a semblé être interminable. Finalement, deux mots me sont ainsi venus régulièrement en tête au fil de ce tome 1 : frustration et déception. J'attendais peut-être trop de "ÇA" et j'avais encore en tête ce que Stephen King avait réussi à me faire ressentir à la lecture de "Jessie". J'ai donc l'impression d'avoir eu en main plein de bons éléments, d'avoir côtoyé un univers très prometteur, et pour autant il me manque cette grosse pièce du puzzle qui m'aurait permis de vivre cette lecture à 200%.  Les ressentis vécus pendant la lecture sont généralement un bon indicateur d'évaluation pour moi, or là sur près de 800 pages je n'ai pas eu à affronter beaucoup d'émotions... 

"Des lumières s'allument sous son crâne, des projecteurs puissants. Comme s'il était resté assis vingt-sept ans dans l'obscurité d'un théâtre, à attendre que quelque chose se passe et que finalement le spectacle commençât." 


Je ressors donc avec un avis très mitigé sur ce premier tome de "ÇA", mais pour autant je ne ferme pas la porte au deuxième tome. Car le récit s'arrête vraiment au milieu d'une histoire qui a une continuité, donc je suis un peu curieuse de savoir ce que réserve la suite. A ce sujet, je vous invite d'ailleurs à aller voir la vidéo de Lemon June, qui a un avis assez différent du mien sur ce livre et qui apporte un regard plus large, puisqu'elle a lu le deuxième tome. Sa critique m'a permis de me rebooster dans ma lecture et d'envisager de lire le second roman. Mais on ne va pas se mentir, ce ne sera pas pour tout de suite !


Que vous ayez lu les livres ou vu les films, faites moi part de vos avis sur "ÇA". Et surtout dites moi ce que vous pensez de Stephen King et si vous avez d'autres titres à me conseiller pour reprendre du bon pied avec lui ;) 

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