samedi 28 mars 2020

"Le Signal" de Maxime Chattam



"Je ne suis pas convaincu que d'expliquer au monde entier que les morts sont juste de l'autre côté du miroir et attendent d'être libérés soit plus prudent. Les plus grandes tragédies de l'histoire ne sont-elles pas apparues lorsque la masse a eu le plus peur ?" 


Ce matin je viens de fermer la dernière page de ce roman et wow... comment vous dire ? Cela faisait longtemps que je n'avais pas été autant transportée par un thriller. Pourtant je suis une adepte de Maxime Chattam, dont la précision de la plume me fait à chaque fois vibrer. C'est même grâce à lui que j'ai été initiée aux thrillers, il y a 9 ans, avec "L'âme du mal". En même temps, en parallèle de l'écriture, cet auteur a suivi des cours de criminologie, autant dire qu'il maîtrise son sujet. Il n'a pas son pareil pour décortiquer les corps, écorcher nos yeux de lecteur et faire surgir des images insupportables, à la seule force de ses mots. C'est clairement l'un de mes auteurs favoris dans ce genre littéraire. Néanmoins, je l'avais un peu mis de côté, pendant quelques temps car, à trop le lire, je finissais par avoir un sentiment de répétition. "Le Signal" est l'un de ses derniers romans, paru en octobre 2018. Il nous emmène cette fois sur le versant du paranormal, ce qui a clairement attisé ma curiosité. Bien que je n'ai pas spécialement de croyances à ce sujet, j'aime ce que la culture en a fait. Pour autant, jusqu'ici je l'avais surtout expérimenté à travers des films, reportages et séries. Quand j'ai vu que Chattam s'était emparé du sujet, je ne pouvais décemment pas passer à côté. J'étais pourtant assez sceptique en lisant le résumé et en entamant le livre. 

La famille Spencer, à la situation plutôt confortable à New-York, décide de tout plaquer pour s'installer dans une vieille ferme rénovée à Mahingan Fall. Leur nouvelle vie paisible va pourtant prendre une toute autre tournure lorsque des manifestations inexplicables vont peu à peu prendre place entre leurs murs. En parallèle, meurtres atroces, cris inhumains sur les radios et vieilles légendes ne cessent de s'accumuler dans cette petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Les ombres se rapprochent. Jusqu'où iront-elles ? 

"Pour se rassurer, il ne cessait de se répéter que l'explication serait risible, à mille lieues des spectres de sa volonté, sans qu'il ait la moindre idée de ce que ça pouvait être, sinon un improbable tour de passe-passe psychotraumatique lié à l'histoire de sa maison."

Maxime Chattam nous embarque donc dans une ambiance qui m'a fortement rappelé "Ça" de Stephen King et la série "The Haunting of Hill House". Malgré un scénario qui s'annonçait plutôt convenu et prévisible - une petite famille tranquille qui emménage dans une maison hantée, on connait le topo - il a réussi à me surprendre et à innover au fur et à mesure des pages. C'est un bon pavé, de près de 900 pages, mais il se lit très facilement et, une fois accroché, à l'histoire il est difficile d'en détourner le regard. On s'attache inévitablement aux personnages, qui luttent désespéramment contre des événements qu'ils ne maîtrisent absolument pas. Et de ce côté là, Maxime Chattam est clairement impitoyable avec eux. On se prend à rêver d'une happy end. Mais, à Mahingan Fall, cela n'est pas une option. J'ai aussi beaucoup aimé les messages que l'auteur laisse passer, subtilement. Entre quelques apparitions paranormales, il nous glisse des propos féministes, nous invite à questionner la religion ou encore interroge le poids de nos croyances sur l'interprétation de l'histoire. C'est donc un très bon thriller que je vous recommande fortement, si vous avez le cœur bien accroché et êtes avides de frissons au milieu de la nuit, bien entendu... 

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Et maintenant, dites moi, quel roman vous a fait le plus peur dans votre vie de lecteur ?