jeudi 3 janvier 2019

"Bella Muerte" d'Anna-Victoria Val


"Nous verrons. Même les jeunes femmes pleines de bons sentiments résistent difficilement à la promesse d’une éternité sans douleur."

Pour ma quatrième lecture du "Cold Winter Challenge", je suis sortie de mes prévisions littéraires pour m'embarquer dans une tragédie romantique funeste entre le Mexique et la Nouvelle-Orléans. Il se trouve que je suis l'auteure sur Twitter et que son roman me faisait de l’œil depuis un moment. J'ai donc profité d'avoir eu une Kindle pour Noël pour l'inaugurer avec la lecture de "Bella Muerte". 
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Pour le résumé, voici ce qu'il annonce :

"Elle a un an pour aimer. Elle a un an pour tuer.
Sofia est froidement assassinée lors de la Fête des Morts alors qu’elle est en visite dans son Mexique natal. Tandis que la vie s’échappe de son corps, elle est confrontée à la Mort qui la métamorphose en une créature inconnue : une Bella Muerte. À partir de cet instant, Sofia a un an pour rencontrer l’amour véritable et le sacrifier en offrande au dieu des morts pour rester en vie. Mais elle n’a pas l’âme d’une meurtrière et se jure de ne pas tomber dans le piège de l’amour jusqu’à sa rencontre avec Milo. Un jeune homme mystérieux, adepte des sciences occultes et prêt à tout pour la conquérir. Sofia deviendra-t-elle une tueuse ou renoncera-t-elle à sa propre vie ?"




Vous l'aurez compris, on est sur le registre du fantastique. Mais la manière dont le sujet est amené, par petites touches, rend le récit très crédible et on finit par avoir envie de croire en cette culture mystique. J'ai apprécié le fait que certains personnages venaient nuancer ces croyances. C'est le cas notamment de Sarah, la meilleure amie et colocataire de Sofia, qui est totalement étrangère à toute cette culture mexicaine de la vie après la mort. Ici, la transformation de Sofia en Bella Muerte n'est pas une simple péripétie qui vient démarrer l'histoire. Elle va au contraire rythmer le texte et l'accompagner comme un fil rouge jusqu'à la fin. Le fait d'avoir accès à tous les détails des ressentis physiques de Sofia, face à la perte progressive de son humanité, permet vraiment de rentrer dans le personnage et d'y ajouter de la profondeur. 

Mon intérêt pour "Bella Muerte" repose donc beaucoup sur l'originalité de cette histoire qui se déroule entre le pays natal de Sofia : le Mexique, et la ville de ses études : la Nouvelle-Orléans.Certaines scènes m'ont clairement fait penser au film d'animation "Coco" dont, j'imagine, l'auteure s'est pas mal inspirée. Je pense notamment aux tout premiers passages du roman, où le contexte de l'histoire prend place le Jour des Morts. On retrouve cette ambiance familiale et sociale chaleureuse autour des offrandes et toute l'importance que revêt cet hommage annuel aux disparus. Le rôle des aïeules dans la transmission des croyances et l'influence de leur caractère sur les membres de la famille m'a aussi fait faire le parallèle entre les grands-mères de Sofia et celles de Coco. Tous les éléments apportés dans le texte permettent vraiment de dégager une ambiance particulière et c'est la raison pour laquelle je n'ai eu aucun mal à rentrer dans l'histoire.


"La musique me touche jusqu’à l’âme. Il me semble que le batteur à la casquette usée se calque sur le tempo de mon cœur."

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Contrairement à pas mal de romances contemporaines où les personnages principaux concernés par la relation amoureuse prennent toute la place, ici les autres protagonistes ont aussi un rôle important. Bien qu'ils soient secondaires, ils n'en n'ont pas moins un rôle clé à certains moments de l'histoire, c'est notamment le cas pour Filipe, Amber ou encore le vieillard de la librairie. A travers ses personnages, Anna-Victoria Val n'hésite pas non plus à nous glisser des messages forts, dont j'ai beaucoup aimé l'état d'esprit. Je pense notamment à cet opinion sur l'homosexualité : "C'est dur quand les parents ne soutiennent pas les préférences de leurs enfants. Je pense que l'amour n'a pas de sexe. Il vient frapper deux êtres, deux âmes, sans se soucier du genre. Sarah dirait que c'est une affaire de chimie, je pense plutôt qu'il y a une part de magie.".

L'un des autres points forts de l'auteure est, sans aucune doute, l'utilisation de métaphores qui sont emplies de poésie. Ainsi, il y a un certain lyrisme qui se dégage du texte et qui est amplifié par le côté "magique" du folklore mexicain. Au delà des figures de style, j'ai aimé la plume de l'auteure car c'est bien écrit et agréable à lire.

"M’éloigne de l’humanité quand l’ombre des ronces grandit sur mon cœur et en vient à scarifier mon âme."

Enfin, malgré une intrigue principale dont on devine assez aisément l'aboutissement, l'auteure a su me surprendre avec des vraies révélations et rebondissements qui venaient relancer l'histoire. J'ai donc lu "Bella Muerte" assez rapidement car le récit était fluide et l'enchaînement des événements me donnait envie de poursuivre. Ce sont les deux tiers du roman qui m'ont le plus plu, certainement parce que je suis moins sensible au côté romance qui ressortait plus sur les derniers chapitres. 

En tout cas, "Bella Muerte" est une belle surprise que je ne peux que vous encourager à découvrir. C'est typiquement le genre de roman auto-édité pour lequel je me demande pourquoi il n'est pas publié par un éditeur et plus connu car, que ce soit en terme de qualité d'écriture ou de contenu, il aurait tout à fait sa place en librairire/bibliothèque. 

"Après tout, il est dans son intérêt que j’accomplisse ma mission. Peut-être que ce livre me convaincra de séduire un innocent pour ensuite le tuer. Un frisson désagréable grimpe sur ma colonne, comme une créature des enfers plantant ses griffes dans mes os."
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