mercredi 8 avril 2020

3 films / 1 thème ■ Adolescence & Délinquance ■


"La Haine"

Il y a plus d'un an, je vous avais fait un article sur "3 livres / 1 thème : Enfance et Violence". C'est un sujet qui m'intéresse tout particulièrement et qui est régulièrement abordé, que ce soit dans la littérature ou le cinéma. Dans la suite logique, j'ai donc décidé aujourd'hui de vous présenter trois films qui m'ont particulièrement marqué et qui me paraissent pertinents au sujet de l'adolescence et de la délinquance. Je précise tout de même que, loin de moi l'idée de faire des amalgames en les associant. Ces deux notions ne sont pas intrinsèquement liées mais il est vrai qu'elles véhiculent tout un tas de fantasmes, alimentés largement par les médias et l'opinion publique. Des raccourcis sont rapidement faits sur la montée de la violence chez les jeunes, l'augmentation des délits ou encore l'impunité de la justice des mineurs. Pourtant la réalité est bien plus complexe et moins sensationnelle que ces idées clamées haut et fort. A ce sujet, je ne peux d'ailleurs que vous inviter à lire Laurent Mucchielli, qui décortique très bien ce phénomène. Il a notamment rédigé cet article sur : "L'évolution de la délinquance des mineurs. Données statistiques et interprétation générale". Toutefois, étant éducatrice, je trouve cela passionnant d'étudier les mécanismes à l'œuvre, tant sur le plan psychologique que sociétal, qui mènent à un acte délinquant. C'est donc vers cette réflexion que je vous emmène aujourd'hui avec ces trois œuvres cinématographiques. 


Film "La Haine (1995)


On commence avec un classique. La nouvelle génération n'a peut-être pas la référence, car "La Haine" est sorti en 1995. Il a été réalisé par Mathieu Kassovitz et porte en tête d'affiche Vincent Cassel, qui joue le rôle de Vinz. Accompagné de ses deux acolytes, Saïd et Hubert, il vit son quotidien dans une cité populaire de région parisienne. Suite à une bavure policière, blessant gravement l'un de ses habitants, des émeutes éclatent, auxquelles le trio participe. La haine envers la police grimpe alors d'un cran, entraînant les jeunes sur un chemin dont ils vont perdre peu à peu le contrôle. Ce film est clairement culte, tout autant que sa citation la plus connue : "C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : "Jusqu'ici tout va bien… Jusqu'ici, tout va bien… Jusqu'ici tout va bien… Mais l'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage."



Film "La Tête Haute" (2015)
On se rapproche dans le temps cette fois, avec le film "La Tête Haute", qui date de 2015 et a été réalisé par Emmanuelle Bercot. On va y suivre le long parcours chaotique de Malony, un jeune confié à la Protection de l'Enfance par une Juge des Enfants. Sa mère cumule les problématiques : addictions, carences éducatives, instabilités… De ses 6 à 18 ans, Malony va alors être balloté d'institution en institution. Plus il grandit et plus sa violence monte, il s'engage alors dans un parcours délinquant. Florence, la juge qui le suit depuis le début, tente tant bien que mal de lui insuffler l'espoir qu'elle a en lui. Son éducateur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse est lui aussi bien déterminé à réinscrire Malony dans un chemin qui lui permettra de relever la tête. Un film percutant, qui montre les failles du système de l'Aide Sociale à l'Enfance mais qui m'a aussi semblé parfois utopique sur la relation entretenue entre la juge et le jeune.

Film "Les Misérables" (2019)
Enfin, j'achève ce thème avec un film qui a beaucoup fait parler de lui en 2019 : "Les Misérables". Le réalisateur Ladj Ly nous embarque en pleine banlieue de Seine-Saint-Denis, là où il a lui même grandi. Le point de vue est cette fois-ci tourné du côté de la police, avec en personnage fil rouge, Stéphane, la nouvelle recrue de la BAC. Face à lui et ses collègues, "les microbes" passent leurs journées entre désœuvrement et petits délits dans leurs cages d'immeubles. La précarité y est palpable, la violence omniprésente et le racisme policier quotidien. Face à ce cocktail détonnant, les deux côtés essaient de survivre tant bien que mal, mais l'animosité ne cesse de grimper. Entre guerres de clans, insultes, provocations et pressions hiérarchiques, il ne suffira que d'un instant d'inattention pour faire exploser la poudrière. Ce film m'a clairement marqué et j'ai eu du mal à ré-émerger après la dernière scène. Il est particulièrement intéressant du fait qu'il adopte deux points de vue : celui de la police et celui des jeunes, sans en privilégier l'un plus que l'autre.


Voici donc les trois films qui m'ont le plus inspiré sur ce thème adolescence et délinquance. Mais il en existe beaucoup d'autres. Je vous invite donc à partager en commentaires d'autres titres et n'hésitez pas également à donner votre avis sur ceux que j'ai présenté.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire