dimanche 16 décembre 2018

"Ceci n'est pas qu'une comédie romantique" de Julie Grêde




C'est la première fois que je ne sais pas comment entamer un article, tant le contenu me paraît à charge et négatif. A vrai dire je n'ai même pas réussi à extraire une citation, comme je le fais d'habitude dans mes articles littéraires. Ça me fait toujours un peu mal au coeur de parler d'une déception car j'ai conscience de tout le travail que représente l'écriture d'un livre et je ne tiens pas à le dénigrer.

Voilà une amorce qui ne vous laisse pas vraiment de suspens sur mon avis envers ce roman... Pourtant il me faisait envie depuis plusieurs mois, je le conservais au chaud dans ma wishlist et ait fini par l'acheter exprès, en vue du Cold Winter Challenge. Je l'ai vu passer sur beaucoup de blogs et les avis avaient tous l'air très élogieux et positifs. Avec le recul je me dis que je n'ai pas saisi les premiers signaux d'alerte qui apparaissaient dès le résumé : 

"Lorsque Bébé se réveille en sursaut dans un avion qui atterrit au coeur des montagnes enneigées, elle se demande ce qu'elle est venue faire dans cette galère. L'explication est en fait très simple : elle s'est fait retourner le cerveau par sa meilleure amie. La voilà coincée pour deux semaines dans un chalet somptueux parmi des amis trop fêtards, le genre à faire couler le champagne à flots. Tout ce qu'elle déteste. Tout ce dont son coeur cabossé n'a pas besoin. C'est du moins le programme de départ. Une fois arrivée. Bébé apprend qu'une tempête cloue tous les avions au sol. Qu'elle sera seule dans ce chalet ultra design. Sauf que... Sauf que derrière la porte, l'ambiance est plus tamisée que prévu, et bien moins solitaire. Un blond aux yeux verts "bientropbeaupourêtrevrai" lui a préparé des Saint-Jacques et l'attend. Il est décidé à lui faire avouer tous ses secrets. Peut-être qu'elle va adorer ça."

Pas de doute, on est vraiment dans de la romance dans tout ce qu'elle a de plus classique. Sauf que, j'ai fait l'erreur de me fier entièrement au titre. Amusée par l'annonce de "Ceci n'est pas qu'une comédie romantique", j'étais persuadée que l'autrice allait justement prendre le contre-pied du genre et me prouver qu'un contenu plus poussé m'attendait. Je suis donc partie tout de suite d'un faux postulat, ce qui a forcément influencé ma lecture, et ce, dès les premières pages. J'en profite d'ailleurs pour préciser que je ne suis pas du tout une habituée des romances, ce n'est pas mon genre littéraire de prédilection, ce qui pèse également beaucoup dans ma critique.


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Alors, par quoi commencer... Les personnages peut-être. En effet, qu'il s'agisse des personnages principaux ou secondaires, je n'ai pas du tout accroché à leur personnalité. Ce que je reproche principalement à l'héroïne - qui, déjà, arrêtons nous 5 secondes sur son prénom, s'appelle Bébé - c'est son comportement qui ne reflète pas du tout son âge. Elle est censée avoir 27 ans, mais a l'attitude d'une adolescente. Elle est donc infantilisée par tout le monde et est même la première à entretenir cet aspect crédule, candide et naïf. Bien qu'elle soit capable de faire preuve d'un minimum de lucidité et d'auto-dérision sur ce trait de sa personnalité, cela ne l'incite visiblement pas à évoluer. D'ailleurs, si je le relève, c'est que c'est poussé à l'extrême, au point de, rapidement, ne plus être crédible. Bébé est capable de s'effondrer PHYSIQUEMENT, juste parce qu'elle ressent l'envie qu'on l'embrasse... Elle passe son temps à rougir, à tomber littéralement au sol à la moindre émotion, sans compter le nombre incalculable de fois où elle pleure en 259 pages. Cette fille passe le plus clair de son temps à se dévaloriser, face à celui qu'elle appelle sans arrêt "mon Monsieur Parfait" avec son "sourire Colgate". Je vous donne un exemple concret avec ces citations : "c'est Superman et moi j'ai l'air d'une marmotte incapable de faire quoi que ce soit de ses dix doigts..." ou "Encore une fois, il vole à mon secours". Alors je peux comprendre que le schéma de la fille fragile face à un mec mystérieux et viril fonctionne, mais là c'est juste trop. En fait le point qui m'a le plus gêné c'est clairement la crédibilité de l'histoire. Pourtant j'ai beaucoup d'imagination et je ne suis pas du tout à la recherche d'un récit à tout prix réaliste. Le fait de jouer avec les clichés peut être intéressant, mais seulement s'ils sont plus tard remis en question et que l'auteur s'en sert pour nous surprendre par la suite. Là, ce n'est pas du tout le cas. Jusqu'au dernier chapitre j'ai espéré me tromper, me disant que Bébé allait me faire un doigt d'honneur, s'autonomiser et se prendre en main. Mais non, l'histoire s'est déroulé sans surprise, de manière plate et linéaire de A à Z. Et franchement, quand je me retrouve face à des protagonistes qui ne sont même pas capables de lâcher un gros mot, et qui remplacent donc, à tout bout de champs, le mot "merdepar  "m....miel d’acacia", je n'arrive clairement pas à rentrer dans un processus d'identification aux personnages.

En fait, ce qui me frustre c'est que Julie Grêde nous donne des billes pour faire gagner en profondeur ses personnages. Par moment, elle apporte de la matière pour révéler leurs côtés un peu plus sombres et là je trouvais cela intéressant et prometteur pour la suite. Sauf que ces quelques informations sont survolées, comme jetées le temps d'une page, sans réellement impacter le cours des choses par la suite. Le peu d'éléments un peu sombres sur le passé des héros sont peu exploités mais ils reviennent pourtant de manière redondante. Au final, j'ai eu l'impression que de nombreux passages auraient mérité d'être approfondis sur ce registre ou alors coupés. Mais cet entre-deux m'a vraiment laissé un goût de frustration et l'idée que finalement, si, CE N'EST QU'UNE comédie romantique.  

J'ai également été très gênée par certains éléments, envers lesquels je ne me sentais pas du tout en adéquation avec l'auteure. Clairement, mon minimum de principes féministes grince des dents quand je vois que dès que Bébé arrive dans le chalet, elle est cantonnée à la "chambre rose". Mais le pire ça reste cette phrase sur laquelle j'ai longuement bloqué : "Mais pour autant, il est bizarrement on ne peut plus viril, je n'aurais jamais deviné son homosexualité.". Il s'agit d'un passage où un nouveau personnage, Raphaël, est introduit. Déjà la tournure de la phrase est limite, niveau cliché homosexualité/virilité, mais ce qui m'a réellement gêné c'est qu'a aucun moment ce positionnement est remis en question. C'est à dire que cette phrase n'est pas balancée par un personnage pour ensuite être remis à sa place par un autre, ni par l'apparition d'un argument opposé qui va venir rectifier le tir par la suite. Pourtant j'estime être quelqu'un d'ouvert d'esprit et tolérant, mais là j'ai du mal à trouver une excuse sur le fait qu'on puisse encore publier ce genre d'idées en 2016...
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De plus, de manière générale je n'ai pas du tout accroché au style d'écriture. Alors que le vocabulaire est simple et accessible, j'étais parfois obligée de relire une deuxième fois certains passages, car la forme et la syntaxe me déstabilisait. Voici un exemple concret avec cet extrait : "Juste à ce moment, on frappe à la porte. Dieu existe. Va ouvrir!, crie Papillon. Mais je ne me lève pas, Papillon et Conscience m'observent, surpris. Quelqu'un qui s'est tu depuis quelque temps est toujours là avec eux, tapie dans l'ombre: Honte. Honte. Et même si Colère s'est fait la malle, Orgueil a pris sa place. Je vous saoule avec mes personnifications à la con ?". Les citations, au début de chaque chapitre , ne m'ont pas non plus touché, car je les ai trouvé plutôt insipides et elles ne venaient pas spécialement appuyer un thème ou une ambiance liés au chapitre. J'ai eu l'impression qu'on m'a juste déposé là des extraits de "Twilight", de "Titanic", de "Love Actually" ou encore de "Dirty Dancing" simplement pour en remettre une couche sur le too much romantique. 

Avant de me jeter des pierres, je tiens quand même à vous rassurer, il y a quelques éléments que j'ai tout de même apprécié. De manière générale, j'ai trouvé l'ambiance du chalet à la montagne très agréable et réconfortante. Le fait de se retrouver bloquée avec un inconnu dans ce contexte était une idée intéressante, tout comme les événements dramatiques qui font l'objet de révélations sur le passé des personnages. Je peux aussi soulever les touches d'humour de l'auteure, qui renforcent le côté feel good de cette lecture. Et de manière générale, même si je n'ai pas apprécié la forme, je ne peux pas nier que "Ceci n'est pas qu'une comédie romantique" se lit vite et bien.  


En conclusion, je pense simplement que je n'étais pas du tout la bonne cible pour ce livre, et qu'amorcer une lecture de romance avec celle-ci était clairement risqué. En effet, depuis j'ai lu "Les vrais amis ne s'embrassent pas sous la neige" de Juliette Bonte, et le côté romance m'a beaucoup moins gêné. Mais je vous réserve mon avis plus détaillé pour un prochain article... ;)
En tout cas j'ai conscience que cette chronique est très négative, donc pour contrebalancer en cette période de fêtes et d'amour, je vous invite à aller lire d'autres avis plus positifs sur ce roman, afin de vous forger votre propre opinion : Margaud Liseuse, Steven's Books ou encore Bettierose en ont parlé.


Et en supplément, je vous mets une photo d'alpagas de Noël.

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